On a chacun une phrase, une série de mots qui nous prend au cœur, nous blesse dans ce qu’on a le plus cher. Y'en a pour qui c'est un commentaire sur leur aspect physique, une critique sur leurs compétences ou les jugements sur leur orientation sexuelle ou encore leur race.
Pour moi c'est de me faire rappeler que je n’ai pas d’enfant.
Je comprends très bien que lorsque je rencontre une vieille connaissance de qui je n’ai pas entendue parler depuis le secondaire et qu’elle s’informe sur la situation, la question est légitime. La société prend pour acquis qu’une femme en âge de procréer, doit avoir un ou des enfants. On ne soupçonne personne d’être infertile ou stérile. C’est alors, qu'en guise de réponse, je sors mon plus beau sourire et je rigole sur le fait qu’on y travaille fort. Je mens pour éviter le malaise, mais aussi parce que c’est le genre de chose que je n’aime pas semer à tout vents.
Mais quand ta meilleure amie, celle que tu as depuis toujours, celle qui te connais par cœur souvent mieux que toi-même te lance à la figure un : « tu ne peux pas comprendre, t’as pas d’enfant toi », ca tue.
Que ca vienne d’étrangers ou de connaissances qui ne sont pas au courant de ma situation, qui ne savent rien de la guerre que je fais à mon infertilité depuis 5 ans, qui ne savent rien des morsures que j’infliges à mes joues à force de retenir mes larmes devant la parades des bedons et d’enfants de mon entourage peut passer.
Mais venant de toi, ca me tue.
Et ce qui tue encore plus que ca, si c’est possible, c’est qu’elle essaie de minimiser ta peine quand tu lui dis qu’elle t’a blessée.
Sous prétexte qu’elle se fait blesser elle aussi quand les spécialistes lui disent que c’est enfants sont handicapés.
Moi aussi les spécialistes me rappellent que je ne suis pas une vraie femme, que je suis incapable de remplir la seule fonction physique qui nous distingue des hommes. Ca me blesse, mais ils ne sont pas là pour te donner du soutien; ils sont là pour m’aider et me donner les faits.
Au moins ils ont d'autres solutions à me proposer que de me dire : fait toi une carapace... t'es pas la première qui passe par là!!!
D'ailleur, je te pourrais te dire la même chose pour tes enfants... après tout, t'es pas la première qui passe par là!!!
4 [commentaires]:
Oh que je te comprends! Mais en même temps, tu peux toujours recourir à l'adoption, non? Et c'est normalement beaucoup plus facile pour un couple homme-femme que pour un couple homosexuel, comme dans mon cas...
Il y a tant d'enfants laissés à eux-mêmes un peu partout dans le monde, je me dis souvent que l'adoption devrait parfois être préférable à la procréation, mais bon...
Courage, courage!
Oui, l'adoption reste une option, mais si tu es comme moi, porter l'enfant, le sentir bouger et grandir dans son ventre, c'est aussi très, très important.
Je suis désolée que ton amie t'ait blessée et qu'en plus, elle ne semble pas comprendre pourquoi. J'ai laissé tomber plusieurs amies pour ces raisons. Le poids de l'infertilité et des échecs est déjà bien assez lourd. Je ne voulais pas porter celui de l'ignorance en plus.
@jiji: oui il y a beaucoup d'enfant à adopter, et c'est une option que nous avons envisagés Chéri et moi. Sauf que pour adopter au Québec,la liste d'attente est de 6 ans. L'adoption internationale est très dispendieuse et je préfèrerais un enfant qui nous ressemble un peu Chéri et moi.
Et effectivement, tout comme kiwi, la grossesse elle-même est super importante pour moi. C'est comme si c'etait le dernier espoir de féminité qu'il me restait, c'est difficile à expliquer.
@kiwi: Ma belle, premièrement FÉLICITATIONS! Si tu savais comment je suis heureuse pour vous trois!
C'est vrai que le poids de l'ignorance est très lourd a porter, surtout venant de celles qui tombent enceinte juste à y penser (ce qui est le cas de mon amie) Je ne sais toujours pas ce que je vais faire; je suis encore incapable de lui adresser la parole. Son insouciance me tue vraiment.
Je comprends très bien le fait de le porter qui signifie beaucoup pour une femme, mais quand on peut pas, on peut pas. Dommage que le processus d'adoption soit si long et/ou coûteux, cependant...
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